mercredi 25 mars 2009

Voltaire/Rousseau : Le Duel des Géants (Les 31/03 et 1/04 à l'IEP)




Voltaire/Rousseau : Le Duel des Géants

Ces deux géants de la pensée des Lumières reposent tous deux au Panthéon. Pourtant, ils n’ont cessé de s’opposer leur vie durant : leur pensée, leur conception de la nature et de la société humaine, leur vie personnelle et leurs valeurs les déchirent. Basée sur la Correspondance authentique entre les deux philosophes, cette mise en scène originale retrace une bataille qui gagne en véhémence à chaque instant. Le duel peut commencer. Ne le manquez pas ! Et choisissez votre camp...

Mardi 31 mars et Mercredi 1er Avril à 20h30 à l'Institut d’Etudes Politiques de Lille, 84 rue de Trévise, Amphi A.

Avec Muriel Guiouillier (Voltaire) et Morgan Jasienski (Rousseau), Rémy Verlick, Sarah Laouadi et Myriam Zekagh

lundi 23 février 2009

Les deux cavernes de Platon - Conférence du 20 mars - Avec Baudouin Jurdant (Paris VII)


Bonjour à tous !
La taverne de Platon a le plaisir de vous annoncer la date et le thème de son prochain événement : le 20 mars à l'IEP (amphi A), Baudouin Jurdant, professeur à l'université Paris VII, viendra nous parler des "Deux Cavernes de Platon".
A 18h, au 84 rue de Trévise, venez découvrir les arguments derrière ce titre mystérieux !
A bientôt !
La taverne de Platon

lundi 3 novembre 2008

Criton, ou "Du Devoir"


Criton, ou « Du Devoir »


Introduction : Socrate et la question morale

Le dialogue de Platon Criton, débat autour du sens du Devoir, est une réponse à la question morale « Que faut-il faire ? » : Socrate, à la veille de son exécution, délibère avec son ami Criton de la conduite à tenir : faut-il fuir et faire fi des Lois de la cité que le philosophe n’a jamais quitté ? ou accepter la sentence du tribunal et mourir ?

Rejetant la doxa, l’opinion du plus grand nombre, et en se déterminant en fonction des principes universels et immuables, établis par la raison au cours de sa quête de vérité, Socrate va définir ce qu’est l’attitude juste à adopter.
Au nom de l’incompétence des masses, l’opinion non fondée du vulgaire est repoussée par Socrate, qui « pour la santé de son âme » s’en remettra aux seuls juges qu’il reconnaît, les Sages, capables de démêler le Bien du Mal. Quant aux 280 jurés sur les 501 membres du tribunal l’ayant condamné : « Ils peuvent me tuer, mais il ne peuvent pas me nuire » répond en substance Socrate à Criton.

Pour Platon, l’ « idée prime sur le réel qui en découle » ; mais, l’idée n’est pas seulement première, elle est aussi universelle. Les circonstances ne modifient jamais les idées, le juste sera toujours juste. Et c’est au regard de l’idée de justice que Socrate va déterminer sa conduite.
Fidèle à lui-même, il va animer la dialectique au cours d’une discussion avec son ami, faire vivre des abstractions (ici les Lois) et au terme de l’argumentation prendre sa décision.

Présentation


Platon, « rapporteur » des dialogues socratiques


Platon (428/427-348/347 av. J.-C.), disciple de Socrate, nous fait parvenir l’enseignement de son maître sous la forme de dialogues. Au même titre que l’Apologie de Socrate, qui relate le procès de son maître, le Criton permet à Platon de prendre la défense de Socrate. Les dialogues sont caractéristiques de l’œuvre de Platon, à la fois parce qu’ils permettent de rendre vivants les arguments en présence, mais aussi et surtout parce que le dialogue matérialise le déploiement de la dialectique, qui à travers la confrontation d’arguments opposés permet de s’élever vers la connaissance de la Vérité.

Une autre des formes stylistiques adoptée ici par Platon est la prosopopée, qui permet à Socrate de faire parler les Lois de la cité d’Athènes. Platon, ici comme ailleurs, utilise ainsi les possibilités de la rhétorique pour animer des idées et des concepts. L’allégorie de la caverne (Livre VII de La République) est un autre exemple très connu de cette méthode platonicienne qui consiste à représenter une idée, qui serait autrement difficile à figurer, en lui attribuant une forme (un récit, ou un personnage vivant doté de parole).

Socrate condamné


Socrate est condamné en 399 av. J.-C., accusé d’impiété envers les dieux de la cité et de corrompre la jeunesse. Ses accusateurs sont au nombre de trois : Mélétos, Lykon et Anytos. Le tribunal, dont les membres sont tirés au sort, récuse avant tout l’attitude de Socrate pendant le procès (Socrate se défend lui-même, contrairement aux usages, et affirme devant ses juges que sa peine devrait être commuée en une autre qui consisterait à être hébergé et nourri à vie au Prytanée, comme un vainqueur olympique !) et condamne l’esprit critique dont il a toujours fait preuve, et qui met (parfois douloureusement) en question les certitudes de la doxa. Le déroulement du procès de Socrate nous est rapporté par Platon dans son Apologie de Socrate, sa détention dans le Criton, et dans Phédon son exécution.

Le texte du Criton présenté ici fait allusion au « navire de Délos » dont l’arrivée à Athènes signera le dernier jour de Socrate. Le retour de ce navire met fin au pèlerinage annuel consacré à Apollon, célébrant la victoire de Thésée sur le Minotaure, et au cours duquel nulle « souillure » ne doit toucher Athènes. Toute exécution représentait pour les Athéniens une atteinte à cette pureté que devait préserver la cité pendant cette période (généralement un mois environ). A la fin de cette trêve, Socrate devra mourir, en buvant un poison mortel, la ciguë.

Les conditions d’incarcération, presque dérisoires, permettait aux condamnés de s’enfuir relativement facilement, et une pratique assez répandue consistait à fuir la cité avant même la tenue du procès. Socrate refuse ces deux possibilités d’échapper à son sort : Criton, ami et disciple de Socrate, propose de fournir à son maître les moyens financiers de son évasion. Socrate cependant fait le choix d’agir en vertu des lois de la cité. Quel attachement lie le philosophe à Athènes et le pousse apparemment à se montrer si « légaliste » ?

L’obéissance aux lois d’Athènes
  • Qu’est-ce qu’Athènes ? (source : Claude Mossé, Les institutions grecques, 1979)
Athènes est la plus importante des cités grecques aux VIème et Vème siècles av. J.-C., cités grecques qui sont « un type original d’Etat qui se constitue à partir du VIIIème siècle av. J. C., atteint son apogée au Vème siècle [le siècle de Socrate et Platon] et amorce son déclin au VIème siècle ».

Athènes « donne à toute la civilisation grecque classique son unité » en portant à leur comble les traits de la civilisation grecque, et domine le monde égéen jusqu’en 338 av. J.-C.. Elle est également « au centre de la production artistique et littéraire » de l’époque. Enfin, le régime très complet de démocratie directe instauré en fait la forme la plus aboutie du processus politique de constitution de la cité (baptisé Politéia par Aristote).
  • Athènes et ses lois
A partir du VIème siècle, les lois sont rédigées, ce qui permet de substituer à un droit coutumier dont les seuls chefs (aristocrates) étaient détenteurs une loi écrite, connaissable par tous. Les Athéniens classiques sont les précurseurs du principe fondateur de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Etat de droit, en ce que leur loi était la même pour tous : l’isonomie des Anciens est en fait l’égalité devant la loi des Modernes.
  • Les lois et les citoyens (source : Alain Boyer, « Justice et égalité », dans Notions de philosophie, 1995)
Les citoyens athéniens (de père citoyen et de mère fille de citoyen) reconnaissent dans le nomos leur unique maître et rempart contre l’arbitraire et la tyrannie. « Les Athéniens classiques se considéraient à la fois comme les serviteurs et les protégés du nomos, personne ne pouvant s’exclure de sa juridiction ». On verra que Socrate témoigne de ce mode de pensée dans le Criton.
  • Socrate (et Platon) face aux lois
Pour Socrate, il existe une valeur « Justice » en soi. Cette justice est universelle, et elle ne connaît aucune variation ni individuelle, ni historique, ni géographique. Il s’agit de toujours chercher à l’appliquer, et de ne jamais commettre l’injustice, qu’il est, en toutes circonstances, préférable de subir que d’infliger. Au contraire d’une Idée, telle que celle de la Justice ou de la Vérité, la doxa, c’est-à-dire l’opinion, est changeante, et fondée sur une ignorance qui ne se connaît pas.

Pour Platon, l’unité de la société est ce qui permet un fonctionnement harmonieux de la communauté politique. Les comportements individuels anomiques conduisent à l’atomisation et donc à la destruction de la cité. Chaque chose doit rester à la place qui est la sienne, et ceci est la condition de la Justice, comme la bonne position relative des organes dans le corps est celle de la santé. Socrate en acceptant la sentence de mort applique ce principe. Manquer de respects aux lois, c’est les détruire, et par conséquent détruire l’Etat.

Or, Socrate est Athénien à plusieurs titres : Athènes est son lieu de naissance, de vie et de travail ; ses rues, le lieu privilégié de l’art socratique de la maïeutique. Il la considère également comme une mère qui lui a donné la vie, regarde l’Etat comme ce qui l’a nourri et lui a donné une éducation , et affirme qu’on doit à la patrie plus de respect qu’à ses parents et qu’il faut, par conséquent, au bon citoyen endurer et honorer chacune de ses décisions quelques quelles soient, si l’on ne peut les faire changer par les moyens légaux de la persuasion. Ainsi, Socrate estime qu’il doit tout à Athènes : elle l’a fait, dans le même mouvement, citoyen et homme, et la Justice réclame qu’il se soumette à ces Lois. La solution de l’évasion serait une réponse à l’injustice faite à Socrate par l’injustice faite à l’Etat, ce qui équivaudrait in fine à renier (et donc à annuler) tous les principes jusqu’ici mis en exergue par Socrate dans les discussions passées.

Car enfin, Socrate juge que le fait de rester vivre à Athènes constitue en soi une sorte de contrat passé avec la cité. Sa décision de rester à Athènes, en toute connaissance des lois de la cité, est la preuve de ce serment ; même sous la menace de la mort, il refusera d’enfreindre et de détruire les Lois pour préserver l’Etat. La possibilité donné à tout citoyen de quitter Athènes ou celle d’influencer les Lois par l’exercice démocratique font que l’adhésion aux nomoi n’est pas passive, mais a bien valeur d’un engagement actif. Ici, la raison pour laquelle les lois sont justes c’est qu’on les a toujours admises, un revirement serait une trahison.

Conclusion : Criton, un appel à la conscience

L’injustice dont est victime Socrate pendant son procès, et son attitude de fermeté morale face à sa condamnation font du moment de la mort de Socrate un moment fondateur de la philosophie occidentale contemporaine.

D’autre part, cet épisode met bien en valeur le fait que les Lois elles-mêmes ne sont pas en cause dans l’injustice, mais ce sont bien ceux qui les appliquent qui sont en tort, et responsables de l’injustice.

Au cours de ce dialogue, Socrate se montre en tous points fidèle à lui même : la méthode, une prise de décision fondée sur la délibération, à laquelle on accorde le temps nécessaire (quelque soit l’état d’empressement dans lequel se trouve son ami), le renversement progressif de l’idée spontanée selon laquelle la vie biologique est la première a être sauvegardé, jusqu’à la conclusion finale, qui s’inscrit dans le prolongement des valeurs prônées par Socrate tout au long de sa vie à Athènes. Ainsi, il évite de vider de sens son enseignement, en négligeant le facteur « mort imminente ».

Il est intéressant de noter en conclusion, que le problème de la justice est au coeur de celui de la philosophie politique, et que Platon lui-même « chercha toute sa vie à jouer un rôle politique d’abord direct puis indirect, comme conseiller ou législateur ». Le citoyen athénien, qu’était Platon « voulait réformer la vie politique de sa cité en accordant le pouvoir non à la richesse ou à la force militaire, mais au savoir. » (Alain Boyer, 1995)

Note de vocabulaire

Les sycophantes dont il est question sont des délateurs, dénonçant des citoyens et espérant obtenir en retour une compensation financière. Par extension, les sycophantes sont des calomniateurs.

lundi 20 octobre 2008

Conférence - 12/11/08 - La philosophie politique ancienne





Bonjour !

Nous pouvons d'ores et déjà annoncer la tenue d'une manifestation sur le thème de la philosophie politique ancienne le 12 novembre en amphi A.
M. Crubellier, professeur de philosophie ancienne à Lille 3 a accepté d'intervenir pour nous.

Son intervention sera introduite par une adaptation théâtrale du dialogue de Platon, Criton, interprété et mise en scène par des étudiants de 5ème année.

Le début de ce premier événement est fixé à 18h dans l'Amphithéâtre A de Sciences Po Lille.

A bientôt pour plus de détails,

La Taverne de Platon